dimanche 17 février 2019

L'auteur 2.0


                                                                                             William Alcyon © 01.01.2019


En France, aujourd’hui, pour la plupart des écrivains ayant déjà publié des textes de fiction, « vivre de sa plume » n’est pas une réalité, mais seulement un rêve caressé en secret.
Les ventes records entraînant des droits d’auteur gargantuesques ne sont l’apanage que de quelques privilégiés, auteurs de best-sellers, arbres étincelants comme un sapin de Noël cachant une forêt bien sombre et de plus en plus clairsemée.
Certains écrivains se demandent, envieux, comment cet auteur, ne valant rien sur le plan littéraire, fait pour générer autant de lecteurs.
Oui, comment font-ils ? Quel est le secret pour écouler leurs œuvres à des centaines de milliers d'exemplaires, quand la plupart des romanciers s’estiment heureux quand ils parviennent difficilement à vendre 3000 copies de leur roman ?
Il faut savoir que les 3000 exemplaires cités plus haut ne valent que pour les auteurs établis. Les primo-romanciers, en 2017, arrivent tant bien que mal à écouler… 400 copies, en moyenne.


Pour nous faire une idée plus précise de la situation de la vente de romans en France pour l’année 2019, voici un tableau des 10 auteurs (meilleures ventes) et des chiffres correspondants :
Mar
1
Guillaume Musso
1 435 955
1
2
Michel Bussi
 964 008

2

3
Virginie Grimaldi
755 819
6

4
Marc Lévy
744 544
5
5
Aurélie Valognes
683 338
4
6
Raphaëlle Giordano
631 609
8
7
Agnès Martin-Lugand
592 279
NC
8
Franck Thilliez
585 072
10
9
Michel Houellebecq
557 960
NC
10
Valérie Perrin
503 867
NC


Que peut-on constater ? Qu’effectivement, les chiffres de leurs ventes annuelles font rêver les auteurs « débutants », ceux qui débarquent sur la planète littéraire avec un tout premier roman !
Le « retour sur Terre » est douloureux !
L’auteur d’un premier roman dont la maison d’édition fait correctement son travail (j’occulte volontairement ici les « fausses » maisons d’édition « à compte d’auteur » qui demandent une contribution financière aux auteurs pour la fabrication de leurs livres) peut donc espérer vendre 400 exemplaires (chiffre moyen) de son précieux premier ouvrage. C’est oublier que les plus petites maisons d’édition ne vont pas forcément miser sur un primo-romancier, et qu’elles vont mettre plus d’argent (donc de publicité promotionnelle) sur leurs quelques têtes d’affiche.
Quelles conséquences, me direz-vous ? Un nouveau romancier ayant signé dans une petite maison d’édition atteindra péniblement les 100 exemplaires vendus ! Quand on sait la quantité de travail et de temps inhérents à l’écriture, c’est effectivement très peu gratifiant. En effet, sur un roman vendu 20 euros en librairie, l’auteur ne touchera que 6 % à 12 % du prix hors-taxe, soit entre 1 euro et 1,50 euro par unité vendue. Je vous laisse faire vous-même le calcul et vous aurez compris que la bonne étoile citée plus haut ne brille pas pour tout le monde.
La vérité est qu’il n’y a pas de recette pour atteindre le succès. Si tel était le cas, il n’y aurait qu’à mettre tous les ingrédients et... BINGO !
La solution miracle n’existe pas.
Même en partant du principe que le texte de notre écrivain débutant est de qualité, c’est toujours insuffisant.
Alors ?
Pour devenir un écrivain, il faut juste… écrire, écrire et écrire encore. Et puis, il faut beaucoup lire aussi. L'aspirant écrivain doit absolument s'y soumettre, aucun raccourci.
Ensuite, croire en son étoile guide ne suffira pas. L’envoi de son manuscrit n’engendre, dans la majorité des cas, que des lettres de refus de la part des maisons d’édition. Même certains best-sellers ont subi cela. Savez-vous que le premier Harry Potter de J.K. Rowling a été refusé douze fois ! Même chose pour Seul sur mars d’ Andy Weir, après avoir essuyé des refus de plusieurs éditeurs, ce programmeur, fils d’un physicien des particules et passionné de l’espace, a décidé de publier son roman sous forme de feuilletons sur le web. Le succès est au rendez-vous, attirant un noyau de fans qui le supplient de l’autoéditer sur Amazon. Il a suffi d’un peu de temps avant qu’il ne reçoive la proposition d’un éditeur puis, plus tard, celle de Hollywood pour l’adapter en film et fasse d’une pierre deux coups : best-seller littéraire et succès au box-office !
Conclusion : Tout n’est pas perdu. Il y a encore une chance…


La nouvelle donne :
Alors que l’année 2019 est sur le point de commencer, les choses sont en train de changer dans le paysage littéraire français.
Observons les faits : un auteur inconnu et père (ou mère dans le cas d’une auteure) d’un premier roman n’a que très peu de chance de retenir l’attention d’une grande maison d’édition. Les chiffres parlent de 1 sur 4000 manuscrits envoyés.  Bien entendu, si le manuscrit est mauvais, il ne passera pas le filtre de ce comité de lecture, mais il aura au moins l’occasion favorable d’être lu.
Ajoutons à cela le fait que la plupart des maisons d’édition exigent l’envoi des manuscrits au format papier, ce qui entraîne des coûts importants pour les auteurs (photocopies, frais postaux, etc.).
Alors ? Faut-il pour autant renoncer et ne plus croire en sa bonne étoile ?
Bien sûr que non. Voyons cela...


L’auteur 2.0 :
Pour le romancier ancré dans le passé. Il n’y a qu’à croiser les doigts et procéder de la façon ancestrale énoncée plus avant.
Pour une nouvelle génération d’auteurs, il existe une alternative. En effet, il y a aujourd’hui la possibilité de tenter l’autoédition sur les plateformes numériques. Les plus célèbres étant la plateforme KDP d’AMAZON et KOBO de la FNAC.
Qu’est-ce donc que cela, me direz-vous ?
Jusqu’à tout récemment, les auteurs indépendants devaient trouver un imprimeur et faire fabriquer leurs livres qu’ils allaient vendre, souvent péniblement, dans de petites librairies locales, centres culturels ou bien galeries marchandes. Aujourd’hui, tout a changé. Les plateformes numériques s’occupent de tout et aident les auteurs indépendants. Il s’agit véritablement d’une nouvelle voie qui fait dorénavant trembler les éditeurs traditionnels et les oblige à se pencher très sérieusement sur cette édition parallèle qui ne cesse de croître.
La principale différence réside dans le fait que... c’est le public qui décide et non un comité de lecture sclérosé, enfermé dans des considérations souvent bien éloignées de la simple littérature puisque les grandes maisons « mettent le paquet » sur les hauts rendements (les auteurs à best-sellers) et il ne reste que des miettes pour la grande majorité de leurs autres protégés, ceux de moindre envergure.
La considération marketing est un élément capital dans l’édition littéraire aujourd’hui, il serait malvenu de l’ignorer. Néanmoins, il y a de moins en moins de place pour l’émergence lente d’un succès par le bouche-à-oreille, même si c’est encore possible.
Un auteur 2.0 (celui qui se fait diffuser par AMAZON par exemple) peut encore émerger grâce à un succès conséquent (parfois même après avoir tenté l’édition traditionnelle et avoir été refusé de nombreuses fois). Quand cela se produit, c’est un retournement de situation. En effet, ce sont les éditeurs qui, observant le succès numérique d’un auteur, vont venir le démarcher pour l’éditer. Souvent, l’auteur va accepter de signer un contrat, mais son pouvoir de négociation n’a alors aucune commune mesure puisqu’il est en position de force. L’idée est de vendre ses droits pour son roman dans sa version papier, mais de garder ses droits numériques. S’il les cède tout de même, il doit les négocier avec un très fort pourcentage.
De plus, l’auteur 2.0 dispose de temps. Les serveurs numériques des grosses plateformes de diffusion ont de la place, les œuvres restent disponibles à la vente de façon permanente et continue. Un romancier traditionnel dispose de 4 à 5 semaines avant de voir son livre disparaître des rayons et être envoyé au pilon ! Rien à voir avec celui qui propose son livre sur les plateformes numériques.


La révolution numérique effraie (il n’y a qu’à voir comment AMAZON est régulièrement critiqué par les maisons d’édition classiques, les libraires, etc.). N’empêche qu’elle est la seule alternative qui propose cette exposition médiatique aux auteurs écrasés par l’ancien système. Les éditeurs, au lieu de critiquer, n’ont qu’à s’adapter et proposer quelque chose d’au moins équivalent, car aujourd’hui il n’y a rien d’autre.
Fort de ce qui a été dit, et à défaut de considération et de médiatisation par l’intermédiaire des canaux classiques (éditeurs, librairies, télévision, radio, etc.), l’auteur 2.0 a encore la possibilité de croire… en sa bonne étoile !

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