William
Alcyon © 01.01.2019
En
France, aujourd’hui, pour la plupart des écrivains ayant déjà
publié des textes de fiction, « vivre de sa plume »
n’est pas une réalité, mais seulement un rêve caressé en
secret.
Les
ventes records entraînant des droits d’auteur gargantuesques ne
sont l’apanage que de quelques privilégiés, auteurs de
best-sellers, arbres étincelants comme un sapin de Noël cachant une
forêt bien sombre et de plus en plus clairsemée.
Certains
écrivains se demandent, envieux, comment cet auteur, ne valant rien
sur le plan littéraire, fait pour générer autant de lecteurs.
Oui,
comment font-ils ? Quel est le secret pour écouler leurs œuvres à
des centaines de milliers d'exemplaires, quand la plupart des
romanciers s’estiment heureux quand ils parviennent difficilement à
vendre 3000 copies de leur roman ?
Il
faut savoir que les 3000 exemplaires cités plus haut ne valent que
pour les auteurs établis. Les primo-romanciers, en 2017, arrivent
tant bien que mal à écouler… 400 copies, en moyenne.
Pour
nous faire une idée plus précise de la situation de la vente de
romans en France pour l’année 2019, voici un tableau des 10
auteurs (meilleures ventes) et des chiffres correspondants :
Mar
1
|
Guillaume
Musso
|
1 435 955
|
1
|
2
|
Michel Bussi
|
964 008
|
2 |
3
|
Virginie Grimaldi
|
755 819
|
6
|
4 |
Marc Lévy |
744 544
|
5
|
5
|
Aurélie Valognes
|
683 338
|
4
|
6
|
Raphaëlle Giordano
|
631 609
|
8
|
7
|
Agnès Martin-Lugand |
592 279
|
NC
|
8
|
Franck Thilliez
|
585 072
|
10
|
9
|
Michel Houellebecq
|
557 960
|
NC
|
10
|
Valérie Perrin
|
503 867 |
NC
|
Que
peut-on constater ? Qu’effectivement, les chiffres de leurs
ventes annuelles font rêver les auteurs « débutants »,
ceux qui débarquent sur la planète littéraire avec un tout premier
roman !
Le
« retour sur Terre » est douloureux !
L’auteur
d’un premier roman dont la maison d’édition fait correctement
son travail (j’occulte volontairement ici les « fausses »
maisons d’édition « à compte d’auteur » qui
demandent une contribution financière aux auteurs pour la
fabrication de leurs livres) peut donc espérer vendre 400
exemplaires (chiffre moyen) de son précieux premier ouvrage. C’est
oublier que les plus petites maisons d’édition ne vont pas
forcément miser sur un primo-romancier, et qu’elles vont mettre
plus d’argent (donc de publicité promotionnelle) sur leurs
quelques têtes d’affiche.
Quelles
conséquences, me direz-vous ? Un nouveau romancier ayant signé
dans une petite maison d’édition atteindra péniblement les 100
exemplaires vendus ! Quand on sait la quantité de travail et de
temps inhérents à l’écriture, c’est effectivement très peu
gratifiant. En effet, sur un roman vendu 20 euros en librairie,
l’auteur ne touchera que 6 % à 12 % du prix hors-taxe,
soit entre 1 euro et 1,50 euro par unité vendue. Je vous laisse
faire vous-même le calcul et vous aurez compris que la bonne étoile
citée plus haut ne brille pas pour tout le monde.
La
vérité est qu’il n’y a pas de recette pour atteindre le succès.
Si tel était le cas, il n’y aurait qu’à mettre tous les
ingrédients et... BINGO !
La
solution miracle n’existe pas.
Même
en partant du principe que le texte de notre écrivain débutant est
de qualité, c’est toujours insuffisant.
Alors ?
Pour
devenir un écrivain, il faut juste… écrire, écrire et écrire
encore. Et puis, il faut beaucoup lire aussi. L'aspirant écrivain
doit absolument s'y soumettre, aucun raccourci.
Ensuite,
croire en son étoile guide ne suffira pas. L’envoi de son
manuscrit n’engendre, dans
la majorité des cas, que
des lettres de refus de la part des maisons d’édition. Même
certains best-sellers ont subi cela. Savez-vous que le premier Harry
Potter
de J.K.
Rowling a
été refusé douze fois ! Même chose pour Seul
sur mars
d’ Andy Weir, après avoir essuyé des refus de plusieurs éditeurs,
ce programmeur, fils d’un physicien des particules et passionné de
l’espace, a décidé de publier son roman sous forme de feuilletons
sur le web. Le succès est au rendez-vous, attirant un noyau de fans
qui le supplient de l’autoéditer sur Amazon. Il a suffi d’un peu
de temps avant qu’il ne reçoive la proposition d’un éditeur
puis, plus tard, celle de Hollywood pour l’adapter en film et fasse
d’une pierre deux coups : best-seller littéraire et succès
au box-office !
Conclusion :
Tout n’est pas perdu. Il y a encore une chance…
La
nouvelle donne :
Alors
que l’année 2019 est sur le point de commencer, les choses sont en
train de changer dans le paysage littéraire français.
Observons
les faits : un auteur inconnu et père (ou mère dans le cas
d’une auteure) d’un premier roman n’a que très peu de chance
de retenir l’attention d’une grande maison d’édition. Les
chiffres parlent de 1 sur 4000 manuscrits envoyés. Bien entendu, si le manuscrit
est mauvais, il ne passera pas le filtre de ce comité de lecture,
mais il aura au moins l’occasion favorable d’être lu.
Ajoutons
à cela le fait que la plupart des maisons d’édition exigent
l’envoi des manuscrits au format papier, ce qui entraîne des coûts
importants pour les auteurs (photocopies, frais postaux, etc.).
Alors ?
Faut-il pour autant renoncer et ne plus croire en sa bonne étoile ?
Bien
sûr que non. Voyons cela...
L’auteur
2.0 :
Pour
le romancier ancré dans le passé. Il n’y a qu’à croiser les
doigts et procéder de la façon ancestrale
énoncée plus avant.
Pour
une nouvelle génération d’auteurs, il existe une alternative. En
effet, il y a aujourd’hui la possibilité de tenter l’autoédition
sur les plateformes numériques. Les plus célèbres étant la
plateforme KDP d’AMAZON et KOBO de la FNAC.
Qu’est-ce
donc que cela, me direz-vous ?
Jusqu’à
tout récemment, les auteurs indépendants devaient trouver un
imprimeur et faire fabriquer leurs livres qu’ils allaient vendre,
souvent péniblement, dans de petites librairies locales, centres
culturels ou bien galeries marchandes. Aujourd’hui, tout a changé.
Les plateformes numériques s’occupent de tout et aident les
auteurs indépendants. Il s’agit véritablement d’une nouvelle
voie qui fait dorénavant trembler les éditeurs traditionnels et les
oblige à se pencher très sérieusement sur cette édition parallèle
qui ne cesse de croître.
La
principale différence réside
dans le fait que... c’est
le public qui décide et non un comité de lecture sclérosé,
enfermé dans des considérations souvent bien éloignées de la
simple littérature
puisque
les grandes maisons « mettent le paquet » sur les hauts
rendements (les auteurs à best-sellers) et il ne reste que des
miettes pour la grande majorité de leurs autres protégés, ceux
de moindre envergure.
La
considération marketing est un élément capital dans l’édition
littéraire aujourd’hui,
il serait malvenu de l’ignorer. Néanmoins, il y a de moins en
moins de place pour l’émergence lente d’un succès par le
bouche-à-oreille, même si c’est encore possible.
Un
auteur 2.0
(celui qui se fait diffuser par AMAZON par exemple)
peut encore émerger
grâce à un succès conséquent (parfois même après avoir tenté
l’édition traditionnelle et avoir été refusé de nombreuses
fois). Quand cela se produit, c’est un retournement de situation.
En effet, ce sont les éditeurs qui, observant le succès numérique
d’un auteur, vont venir le démarcher pour l’éditer. Souvent,
l’auteur va accepter de signer un contrat, mais son pouvoir de
négociation n’a alors aucune commune mesure puisqu’il est en
position de force. L’idée est de vendre ses droits pour son roman
dans sa version papier, mais de garder ses droits numériques. S’il
les cède tout de même, il doit les négocier avec un très fort
pourcentage.
De
plus, l’auteur 2.0 dispose de temps. Les serveurs numériques des
grosses plateformes de diffusion ont de la place, les œuvres restent
disponibles à la vente de façon permanente et continue. Un
romancier
traditionnel dispose de 4 à 5 semaines avant de voir son livre
disparaître des rayons et être envoyé au pilon ! Rien
à voir avec celui qui propose son livre sur les plateformes
numériques.
La
révolution numérique effraie (il n’y a qu’à voir comment
AMAZON est régulièrement critiqué par les maisons
d’édition classiques,
les libraires, etc.). N’empêche qu’elle est la seule alternative
qui propose cette exposition médiatique aux auteurs écrasés par
l’ancien système. Les éditeurs, au lieu de critiquer, n’ont
qu’à s’adapter et proposer quelque chose d’au moins
équivalent, car aujourd’hui il
n’y a rien d’autre.
Fort
de ce qui a été dit, et à défaut de considération et de
médiatisation par l’intermédiaire des canaux classiques
(éditeurs, librairies, télévision, radio, etc.), l’auteur 2.0 a
encore la possibilité de croire… en sa bonne étoile !
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