©William Alcyon, 19.12.2017
Après
la cérémonie d’adieux à Jean d’Ormesson, certains journalistes
et autres blogueurs se sont offusqués !
Pourquoi
un tel hommage national ? Dans la ligne de mire : Une
cérémonie qualifiée d’inopportune, ponctuée par la dépose -
jugée grotesque - d’un crayon, par le président Emmanuel Macron,
sur le cercueil de l’écrivain.
Si
l’on en croit ces quelques professionnels avisés, Jean d’Ormesson
était un écrivain merveilleusement raté.
Il
n’aurait été qu’un amoureux passionné de littérature ;
alors qu’elle, revêche, ne se serait jamais vraiment offerte à
lui, préférant offrir ses faveurs aux vrais écrivains, ceux doués
de talent.
L’académicien
aurait été un habile faussaire. Dissimulant sa médiocrité
derrière un travail acharné, le labeur d’un homme qu’ils
qualifient d’ « aimable artisan » qui, évidemment, ne
laissera rien de son œuvre derrière lui.
Chacun
est libre d’avoir son avis, certes. Cependant, le moment était-il
bien choisi pour des articles aussi agressifs ? Ceci sans le
moindre respect pour la famille et les proches qui viennent
d’enterrer le vieil académicien.
A
l’image de ces attaques post-mortem, déjà de son vivant Jean
d’Ormesson divisait les spécialistes. Son entrée à la Pléiade
avec la publication de quatre de ses romans (volume n° 605 de
la Bibliothèque de la Pléiade : « Au revoir et merci, La
Gloire de l’empire, Au plaisir de Dieu et Histoire du juif errant)
n’aura pas fait taire les critiques.
Pourtant,
entrer dans la Pléiade, c’est devenir un «classique». Mais Jean
d’Ormesson divise toujours. Les uns jugeant que les romans de
celui-ci n’ont en rien marqué l’histoire littéraire; d’autres
pensant qu’il représente une tendance du roman bourgeois
spiritualiste.
Cela
étant dit, on ne peut pas nier la réussite littéraire de Jean
d’Ormesson. Plusieurs de ses livres ayant été d’énormes
Best-Sellers en tête des ventes pendant de longues semaines. Une
réussite et une entrée en Pléiade grâce à son talent de plume
ou… pour des raisons plus mondaines et commerciales que
strictement littéraires ? Qu’importe en fin de compte puisque
cela suffisait au bonheur de celui qui était considéré comme un
écrivain de second rang.
Somme
toute, la critique négative « auteur de second rang »
dont a longtemps été l’objet Jean d’Ormesson soulève une
question : Faut-il faire partie du cercle très fermé des
écrivains capables de composer sans grand effort des chefs d’œuvre
intemporels pour s’octroyer le droit d’écrire, de publier et
accessoirement de vendre ? J’aime à penser que non. Dans le
cas contraire, les éditeurs auraient tôt fait de mettre la clé
sous la porte.
D’ailleurs
comment définir un écrivain « qui compte » ?
Serait-ce un de ceux que l’on étudie dans les universités, les
lycées, les collèges ou encore celui dont les ouvrages seront
toujours lus en dépit du temps, plusieurs siècles après la
parution de leurs textes ?
Jean
d’Ormesson, qui savait manier le verbe et réjouir les médias,
auteur de 40 livres ; venait, trois jours avant sa mort, de
conclure son ultime ouvrage. Lui qui disait : « Il
faut essayer de prendre avec une sorte de gaîté… même les
catastrophes »
ne passera peut-être pas à la postérité mais… n’aura aucun
mal, de là-haut à faire un clin d’œil malicieux à ceux d’en
bas qui, tout grands critiques littéraires qu’ils sont, n’ont
bien souvent pas même publié un seul livre.
Pour
conclure ce billet d’humeur, je cite Mario Vargas Llosa qui, dans
Le Figaro littéraire du 16 avril 2015 a dit : « L’œuvre
de Jean d’Ormesson pleine de vie ne s’adresse pas aux lecteurs
passéistes, mais à ceux que fascine la problématique présente »
ainsi que Alaa El Aswany : « Jean
d’Ormesson réussit ce qui est le plus difficile et le plus
exigeant en littérature : être à la fois simple et profond. »
Quelques
citations marquantes de Jean d’Ormesson :
« Rien
n’est plus proche de l’absolu qu’un amour en train de naître. »
« Il
y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe
presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout
un monde. »
« Tout
le bonheur du monde est dans l’inattendu. »
« La
naissance est le lieu de l’inégalité. L’égalité prend sa
revanche avec l’approche de la mort. »
« Chacun
est prisonnier de sa famille, de son milieu, de son métier, de son
temps. »
« Je
doute de Dieu parce que j’y crois. Je crois en Dieu parce que j’en
doute. »
« Je
trouve que si Dieu n’existe pas, la vie est une farce tellement
tragique qu’il faut espérer à tout prix qu’il existe. »
« Je
crois que si je passe pour l’écrivain du bonheur, c’est parce
que je pense qu’il faut être heureux en dépit de tout le reste. »
J'ai bien aimé l'article. On peut ne pas apprécier un écrivain sans pour autant le dénigrer. Merci.
RépondreSupprimerOui, c'est aussi mon point de vue 🤗
SupprimerMerci Didi70